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Bio express

Âge : 60 ans

Profession : coordinatrice de programme au Centre Sabeel

Ville : Jérusalem

Rite : Catholique latin

Sawsan

“Il est temps que l’Eglise écoute sérieusement les besoins de ses membres”

Diriez-vous que vous êtes impliquée dans l'Eglise ?

 

Toute ma vie, j'ai été au service de l'Eglise. D’abord à travers les scouts, puis en essayant de faire revivre l'Association des jeunes chrétiens de Jérusalem avec mon mari. L'idée était d'aider les jeunes, notamment les étudiants et les travailleurs, en les réunissant et en travaillant sur leur spiritualité. Je suis également impliquée dans de nombreux comités d'institutions de l'Église. 

 

C’était important de vous engager pour l’Eglise ?

 

Ma foi compte beaucoup pour moi. J’essaie de la vivre par l'action, car "la foi sans les œuvres est morte", c'est ce que Jésus nous a enseigné.  Je ne peux pas voir des gens dans le besoin et ne rien faire. C'est aussi la manière dont j'ai élevé mes enfants : toute la famille est impliquée, d'une manière ou d'une autre, dans les institutions de l'Eglise. Cette implication me donne la chance de servir ma communauté et d'être proche d'elle. Bien qu'il soit parfois difficile de les atteindre, en particulier les jeunes, car il y a un manque de confiance qui crée un fossé entre les gens et l'église. J'espère et je prie pour que le voyage synodal permette de restaurer la confiance et de réduire ce fossé.

 

 

L'Église vous donne-t-elle une place suffisante, en tant que femme et laïque ?

Nos chefs religieux vont et viennent, mais nous, les croyants, nous restons. Certains membres du clergé vous laissent de l’espace. D'autres non. Tout dépend donc du caractère du prêtre. Malheureusement, lorsqu’un curé change de paroisse, il emporte tout avec lui. Son remplaçant arrive avec ses propres idées et ses propres personnes autour de lui. J’estime qu’on ne donne pas suffisamment d’occasions aux laïcs de servir l’Eglise. Nous savons que nous ne sommes pas toujours entendus et que nos ressources ne sont pas utilisées. Il y a pourtant tant de personnes intelligentes et dévouées qui aimeraient être utiles. Mais elles ont besoin de savoir qu'on leur fera confiance, qu'on les écoutera, qu'on les intègrera aux prises de décisions. Je cite certaines des réponses des gens à ce sujet : "Pourquoi devons-nous être impliqués ? Personne ne nous écoutera, peu importe ce que nous faisons, peu importe ce que nous disons, au final, le prêtre fera ce qu'il veut". C'est le point de vue général des gens. 

 

Qu'est-ce qui vous dérange dans l'Église aujourd'hui?

 

Je pense que les gens ont besoin de quelqu'un pour écouter leurs préoccupations. Les chrétiens ont parfois l'impression d'être livrés à eux-mêmes et l'Eglise ne fait pas beaucoup d'efforts pour atteindre ceux qui sont dans le besoin. L’égalité des chances n'est pas donnée à tous. L'Eglise pense que ses membres n'ont besoin que d'un soutien humanitaire. En réalité, ils ont soif de directions spirituelles. Lorsque vous allez à l'église le dimanche, les homélies ne sont pas préparées, ou à peine liées à notre vie quotidienne, elles ne parlent pas aux gens. C'est regrettable, car la messe est le premier moyen de toucher plus de personnes. 

 

Quels leviers l'Eglise pourrait-elle utiliser pour initier un changement ?

En écoutant sérieusement, en transformant ce qu'ils entendent en actions. Car les gens savent quels sont leurs besoins. Les prêtres ne pourront rien faire tout seul. Certains sont pétris de bonnes intentions, mais leur approche est mauvaise. Jusqu'à présent, aucun plan clair pour atteindre les plus isolés, les pauvres, les toxicomanes, n’a été formulé. Nous devons avoir une mission. Nous devons aller au-delà des gens qui nous entourent, au-delà de notre zone de confort. Mais qui est prêt à le faire ? C'est une grande question, je vais la laisser ouverte. 

 

Quel est votre rêve pour cette Eglise ?

Il faut rêver grand ! Je voudrais qu’elle soit l'Eglise de tout le monde. Que les dénominations ne comptent plus et que nous réfléchissions, en tant que croyants vivant dans le lieu le plus saint de la terre, à la manière de se soutenir mutuellement. J'espère aussi qu'un jour, les Églises répondront à cette envie d’unité qui anime tant de chrétiens ici. Au moins lors des grandes fêtes comme Noël ou Pâques. J'aimerais aussi que l'Église réfléchisse à une stratégie pour garder ses “pierres vivantes”, pour encourager les jeunes à ne pas choisir la facilité et à partir. Aujourd'hui, si les jeunes ont des opportunités à l’étranger, ils les saisissent. Nous devons les rattacher à cette terre. Notre ancien patriarche, Mgr Michel Sabbah, nous dit toujours que nous ne sommes pas une minorité : nous sommes le sel de la terre. Et tant que nous sommes ici, nous devons donner, nous devons servir. 

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