
Bio express
Age: 44 ans
Profession : assistante à la paroisse de Fuheis
Ville : Fuheis, Jordanie
Denomination : Melkite
Rula
“L’Eglise doit sortir des discours creux”
Comment décririez-vous votre relation à l’Eglise ?
L’Eglise, c’est ma famille. Les défis rencontrés par l’Eglise, sont aussi mes défis. J’ai rencontré le mouvement Focolare quand j’étais adolescente. Ce qui m’a attiré, c’est la simplicité des relations. Elles aident à reproduire la simplicité de la Sainte Famille. La relation entre Jésus, Marie et Joseph, c’est quelque chose que l’on peut vivre dans nos vies quotidiennes.
Quels sont, pour vous, les problèmes majeurs auxquels doit faire face l’Eglise aujourd’hui ?
Je ne parlerai pas de problèmes, mais plutôt de défis, parce qu’ils sont des opportunités pour grandir et devenir de meilleurs chrétiens. Il nous faut nous concentrer sur les nouvelles générations et parvenir à créer une relation avec eux. Pour cela, il faut comprendre pourquoi ils ne viennent plus à l’église ou aux activités. C’est en tout cas mon ressenti en Jordanie. J’ai travaillé avec un groupe de jeunes et ils m’ont dit que l’église n’était pas forcément un endroit où ils venaient s’amuser parce qu’ils avaient d’autres endroits pour le faire. Ils viennent chercher autre chose. De plus profond. De plus spirituel. S’ils sentent qu’on leur parle de cette manière, je pense qu’ils viendront. Les paroisses devraient travailler à devenir des familles et à entretenir les liens entre elles. Un autre problème, c’est que les gens connaissent peu de choses sur la religion et la foi, parce qu’ils n’ont pas reçu un bon enseignement. Ça les éloigne de la pratique religieuse.
En tant que Jordanienne, vous sentez-vous représentée par le Patriarche Latin, qui vit à Jérusalem?
Je suis de l’Eglise melkite. Si on regarde dans l’histoire, l’église latine n’a pas eu de patriarche avant le XIXe siècle. Dans les églises orientales, le patriarche est défini comme “le premier parmi les premiers”. Il est le premier à aimer, à servir, parmi les évêques. Je pense que beaucoup de choses changeraient si les patriarches se mettaient à travailler ensemble. Cela aiderait le Moyen-Orient.
Comment c’est d’être chrétien en Jordanie ?
En tant que chrétiens, nous sommes respectés. Nous sommes une partie effective de la société, nous avons les mêmes droits. Nous rencontrons tout de même quelques problèmes. Par exemple, nous n’avons pas de congés pour Pâques.
De quoi rêvez-vous pour l’Eglise ?
J’aimerai que chacun apprécie l’autre pour ce qu’il est, et qu’on arrête de demander aux autres de devenir comme soi. Je pense notamment aux relations entre les différentes Églises. Il faut aller au-delà des discours creux et essayer de se comprendre les uns les autres par l’histoire pour aller de l’avant et construire ensemble une relation d’amour.
Propos recueillis par Cécile Lemoine